HISTOIRE DE L'ÉGLISE SAINTE THÉRÈSE

C’est en 1925, cinq ans à peine après son arrivée à Bougie, que l'abbé Joseph Lembo, curé de Saint-Joseph, envisage de faire construire une église au camp-inférieur de la ville, que nous appelions “la Plaine“. Il prend cette décision en raison du développement de ce quartier et de l'éloignement des fidèles par rapport à l'église du centre-ville.

Conscient de l'utilité de ce projet et pour répondre aux vœux du curé de la ville, le Conseil municipal de Bougie décide en mars de la cession gratuite d'un terrain appartenant à la commune pour y construire cette nouvelle église. Dès le mois de juin suivant, la commission municipale des travaux fixe l'emplacement définitif : il s'agit d'un terrain situé à proximité du square communal et de la prison. La cession du terrain est définitivement décidée au Conseil municipal du 7 octobre de la même année. 

L'abbé Lembo fait alors appel aux fidèles qui, riches et pauvres, répondent généreusement et selon leurs moyens aux dépenses pour la construction et plus tard pour l'achat du mobilier, des statues, des vitraux, de l'orgue et des cloches. Il décide de placer cette église sous le patronage de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, canonisée trois ans auparavant (17 mai 1925), demande à un architecte d'Alger, M. Lelmi, d'en dessiner les plans et charge du chantier l'entreprise de travaux publics Andréone.

Le dimanche 10 avril 1932 à 15 heures, Mgr Émile Thiénard, évêque de Constantine, bénit la première pierre en présence de l'abbé Lembo et de son vicaire l'abbé Angelo Vella, du chanoine Placé, curé de Sétif, et de l'abbé Girot, curé d'El-Kseur, des autorités civiles et militaires, du maire de Bougie Félix Borg et de ses adjoints, d'Émile Richardot, sous-préfet, du commandant Josset, de M.Bouscasse, président de la Chambre de Commerce, d'Eugène Dussaix, conseiller général, et d'une foule nombreuse. Cette cérémonie est animée par la chorale paroissiale “la Grégorienne” et la “Clique franco-arabe”.

La construction de l’édifice, de forme cruciforme dans un style néo-mauresque, durera deux ans. Pour accéder à l'intérieur de l'église, fut monter une dizaine de marches, ce qui a permis d'installer au rez-de-chaussée le presbytère et une grande salle de conférences qui sera plus tard transformée en cinéma paroissial. Le décor intérieur, éclairé de 17 vitraux est dans le style de l'époque avec un sol en carreaux de faïence à motifs, marbre el décors de mosaïques pour les tables de communion. Le tabernacle de l'autel principal est surmonté d'un dais en laiton doré.

Au-dessus de cet autel, dans une niche éclairée par la lumière du jour, la statue de sainte Thérèse, patronne de la paroisse, tend le bras droit pour répandre des pétales de roses en signe des grâces. qu'elle a promises. Il y a aussi dans cote église un orgue construit par la manufacture d'orgues Haerper. Nous ne savons pas ce qu'est devenu cet instrument qui, en 1962, était déjà bien « essoufflé ».

Le dimanche 15 avril 1934 à 15 heures, accompagné du vicaire général Delpy, du curé Lembo et de son vicaire l'abbé Vela, ainsi que du curé d'E-Kseur et du Père (Omez, prédicateur dominicain de talent, Mgr Thiénard bénit les. trois cloches fabriquées par les Fonderies “les fils de G Paccard” à Annecy-le-Vieux en Savoie et offerts par Thomas Eugène, Georges Duchemin et Vincent Buades. Cette cérémonie attire la foule des grands jours et elle est animée par l'Harmonie municipale et la fanfare “franco-arabe”. Toutes les autorités locales civiles et militaires. sont présents.

Le mardi suivant à 18 heures, Mgr Thiénard bénit, toujours en présence d'une grande foule de fidèles, la Statue de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus ainsi que les vitraux.
Le dimanche suivant, 22 avril 1934, à 9 heures, commence Là grande cérémonie de l'inauguration et de Ia bénédiction de la nouvelle église. C’est Mgr August Fernand Leynaud, archevêque d'Alger, qui préside cette célébration en présence de Mgr Thénard, évêque de Constantine, Félix Borg, maire de Bougie, Émile Rihardol sous-préfet, Joseph Lembo, curé de Bougie, du clergé de la ville et de la région, du Dr Mahmoud Ada, représentant la communauté musulmane de Bougie, du capitaine Canéri, représentant le commandant d'armes de Bougie, de M Lelmi, architecte de l'ouvrage, de Georges et Louis Andréone, entrepreneur, d’une innombrable foule de fidèles et de curieux C'est le groupe sonore de Bougie qui assure l'animation musicale de cette grande cérémonie sous la direction d'Auguste Faure.
Voir sur site deux photos de cette inoubliable journée (Imagerie-photos en vrac-des cérémonies)

Après cette messe solennelle, un banquet rassemble une soixantaine de personnalités autour de l'archevêque d'Alger dans la salle de conférences au rez-de-chaussée. Le repas a été préparé par les frères Marcel et Paul Berg, de La “Brasserie de l'Etoile”. C'est au cours de ce repas que Joseph Lembo est promu chanoine honoraire de la Cathédrale de Constantine.

D'avril 1934 à octobre 1935, le service sera assuré par le vicaire de Saint Joseph, l'abbé Angelo Vela. Le 20 octobre 1935, l'abbé Henri Levrey est nommé premier curé de la nouvelle
paroisse. y restera jusqu'en décembre 1941, date où il sera nommé curé de Saint-Joseph.

La fermeture définitive de l'église Sainte-Thérèse, pour l'affecter au culte musulman, a eu lieu en juillet 1968 et son déménagement en janvier 1969, assuré par l'abbé Gabriel Piroird, curé de Bougie, promu en 1983 évêque de Constantine. Après des travaux importants de transformation, l'édifice est devenu mosquée « Abdelhamid Ben Badis ».

Alain GARDA (2011)

paru dans notre bulletin 2011

 


Quelques vues de l'église et de son environnement

Début des années 1930 peut après la construction Vue dans les années 1950
Vue sur le côté droit de l'église Maquette en nougatine réalisée par M. Kuntz pâtissier
Vue aérienne Vue aérienne plus récente

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